Le henné (Lawsonia inermis L.) est un arbuste endémique des zones sahéliennes, appartenant à la famille des Lythracées. Cet arbuste peut atteindre plusieurs mètres de hauteur et se distingue par ses feuilles riches en pigments naturels. Cette plante pousse spontanément dans les terroirs sahéliens, notamment au Niger, où elle contribue à la biodiversité et à la résilience des écosystèmes.
Sur le plan économique et écologique, le henné offre des opportunités considérables. Il entre dans la fabrication de teintures et bien d’autres. Pour en savoir d’avantage, nous avons eu un entretien avec le Dr Haboubacar Maman Manzo
Docteur (Ph.D) en Sciences Agronomiques et Ingénierie Biologique, Enseignant-chercheur à l’Université Boubakar Ba de Tillaberi (Niger)
En cette fin de campagne agricole pluviale 2025, quelle est la situation des récoltes du Sud au Nord du Niger ?
Les opérations de récolte s’intensifient du Sud vers le Nord, suivant le gradient pluviométrique et les calendriers culturaux propres à chaque terroir villageois. À Zinder, par exemple, les récoltes des céréales prennent le relais après celles du niébé et de l’arachide. Pour le sésame, la coupe des pieds a démarré dans plusieurs terroirs. On entrepose ensuite les plants le temps que les cosses (fruits) atteignent leur maturité.
En dehors des champs cultivés, qu’observez-vous dans le paysage sahélien en ce moment ?
La nature du Sahel nigérien se montre généreuse : une verdure endémique abondante et diversifiée embellit le paysage et nous invite à nous y intéresser et à la valoriser. C’est le cas du henné, une espèce végétale légendaire que nous avons retenue pour boucler nos investigations de recherche en cette fin de campagne.
De quelle plante s’agit-il précisément ?
Du henné, Lawsonia inermis L., appelé Lal-le/Heeni au Niger, mendi ou mehandi, ḥenna ou anella ailleurs. C’est un arbuste de la famille des Lythracées, pouvant atteindre plusieurs mètres de haut.
En immersion dans un buisson-écotope de Lal-le au terroir de Dan Chamouwa, au sud de Zinder, on le trouve. L’espèce y est très abondante, tant par la densité des pieds d’arbustes que par leur bon état végétatif.
Quel est l’état phénologique actuel du henné dans cette zone ?
Les arbustes sont en floraison et en fructification. Cette dynamique assure leur revégétalisassion et leur préservation naturelle.
Pour l’instant, rien n’est vraiment structuré. Nous constatons surtout une cueillette occasionnelle des feuilles par les femmes des villages riverains pour un usage cosmétique et de décoration corporelle.
Pourtant, on sait que le henné a bien plus de potentialités… pouvez nous décrire cela?
Absolument. Le henné est une plante à forte valeur économique, largement cultivée dans de nombreux pays pour la cosmétique, les médicaments, les colorants et teintures, les encres, et d’autres produits naturels prisés pour leur qualité.
Les feuilles sont séchées, réduites en poudre, puis pétrées pour servir de colorant dans le tatouage des mains, ongles et pieds des mariés hommes et femmes conformément à la tradition. On lui reconnaît aussi des vertus médicinales et spirituelles, notamment contre le mauvais sort. De nos jours, les hommes l’utilisent également pour teindre la barbe et les cheveux.
Au-delà des usages, quels services écosystémiques attribuez-vous au henné ?
C’est une ressource pourvoyeuse de produits naturels de soin et de beauté, qui fournit de l’oxygène et séquestre du CO₂ en quantité. Elle contribue ainsi à un environnement viable et pérenne.
Quel message souhaitez-vous faire passer à propos du henné ?Le henné est une ressource naturelle à fortes potentialités. Il faut le promouvoir et le valoriser pour en tirer des éco-bénéfices durables au service des communautés locales comme des écosystèmes.
Propos recueillis par Aliou DIALLO Journaliste environnementaliste



