La conservation de la biodiversité est aujourd’hui au centre de la protection de l’environnement. Elle se présente à ce jour comme une problématique réelle pour les acteurs évoluant dans préservation l’environnement. Pour en parler, nous avons rencontré Madame Mariama Oury GOEPOGUI, elle est Spécialiste en Gestion des Aires Protégées et de la Biodiversité. Cette jeune dame est Biologiste de profession. Elle est actuellement en Master II, avec une spécialisation en gestion des aires protégées et de la biodiversité.
Fort d’une solide expérience dans la gestion de programmes axés sur le développement durable, Madame GOEPOGUI a consacré une grande partie de sa carrière à la conservation de la nature et à la protection de la biodiversité. Chose qui est d’ailleurs devenue une passion pour elle. Son objectif, est de renforcer ses compétences en travaillant au sein d’une organisation dynamique, où elle pourra contribuer à des initiatives de conservation innovantes et participer activement au développement de l’Afrique.
Animée par une volonté profonde de préserver notre patrimoine naturel, Mariama Oury s’engage à mettre son expertise au service d’un avenir durable et équitable.
Bonjour ! Dites-nous, comment définiriez-vous la biodiversité ?
Le terme “biodiversité” a été introduit en 1985 par W.G. Rosen lors d’un colloque, mais il n’a véritablement acquis une importance mondiale qu’en 1992, lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, où la dégradation de l’environnement a été reconnue à l’échelle globale.
L’étude de la biodiversité, cependant, est bien antérieure, les naturalistes ayant examiné la diversité des espèces animales, végétales et des écosystèmes depuis des siècles. La Convention sur la diversité biologique la définit comme « la variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris les écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie, englobant la diversité au sein des espèces et des écosystèmes » (art. 2).
Ainsi, la biodiversité comprend l’ensemble des formes de vie sur Terre, incluant les espèces animales, végétales, fongiques et microbiennes, ainsi que les écosystèmes dans lesquels elles évoluent. Elle englobe aussi la variabilité génétique au sein des populations et les interactions écologiques essentielles pour la résilience et le bon fonctionnement des systèmes naturels. La biodiversité joue un rôle crucial dans la stabilité des écosystèmes et le bien-être humain, soutenant des services écosystémiques tels que la pollinisation, la régulation du climat et la purification de l’eau.
Quels sont les principaux écosystèmes qui abritent la biodiversité africaine ?
L’Afrique est caractérisée par une diversité d’écosystèmes riches en biodiversité, parmi lesquels Les forêts tropicales humides, notamment celles du bassin du Congo, de Ziama et du Mont Nimba qui sont des réservoirs importants de biodiversité terrestre, les savanes et prairies, telles que la Réserve Partielle de Faune de Kankan, ainsi que le Parc Diwasi, abritent une grande variété d’espèces fauniques, typiques des écosystèmes de savane. Ces zones protégées sont essentielles pour la conservation de nombreuses espèces animales, notamment des mammifères tels que les antilopes, les buffles, et divers primates.
La réserve contribue également à la préservation d’espèces d’oiseaux, de reptiles et d’insectes qui dépendent des habitats spécifiques de la savane. Ces zones jouent un rôle crucial dans la protection de la biodiversité en Guinée, face aux menaces de la déforestation et de la dégradation des habitats.
Les zones humides comme le delta de l’Okavango et les mangroves des régions côtières, essentielles à la protection contre l’érosion et à la reproduction de nombreuses espèces de poissons, les récifs coralliens et côtes marines, riches en biodiversité marine, avec une concentration de nombreuses espèces endémiques, les déserts, comme le Sahara et le Kalahari, qui abritent des espèces adaptées aux conditions extrêmes.
Quelles sont, selon vous, les principales menaces pesant sur la biodiversité en Afrique et parlez-nous du cas particulier de la Guinée ?
Les principales menaces pesant sur la biodiversité en Afrique incluent : La déforestation pour l’agriculture, l’exploitation forestière et les infrastructures, entraînant la perte d’habitats. Le braconnage et la chasse illégale, menaçant de nombreuses espèces emblématiques comme les éléphants et les rhinocéros.
Le changement climatique, qui perturbe les écosystèmes et modifie les régimes de précipitations et de températures, impactant la faune et la flore. La pollution, notamment des eaux et des sols par les pesticides, les produits chimiques industriels et les déchets plastiques. La surexploitation des ressources naturelles, notamment la pêche non durable et l’extraction minière.
En Guinée, la déforestation due à l’agriculture itinérante, l’exploitation minière intensive (bauxite, or) et la pollution des cours d’eau constituent des menaces majeures. La Guinée abrite des zones critiques comme le mont Nimba, riche en biodiversité, mais très vulnérables à cause de l’extraction des ressources naturelles.
Quel est, selon vous, l’impact de la perte de biodiversité sur les communautés locales ?
La perte de biodiversité a des impacts considérables sur les communautés locales, surtout celles qui dépendent directement des ressources naturelles pour leur subsistance. Elle affecte : La sécurité alimentaire, en réduisant la disponibilité des poissons, des produits forestiers et des terres fertiles. Les moyens de subsistance, en particulier pour les communautés agricoles, pastorales et de pêcheurs, qui voient leurs ressources diminuer. Les services écosystémiques, tels que la régulation du climat, la pollinisation et la gestion de l’eau, ce qui rend les communautés plus vulnérables aux catastrophes naturelles. La santé, car la dégradation des écosystèmes accroît le risque de propagation de maladies zoonotiques et réduit la disponibilité des plantes médicinales.
En Afrique, quelles sont les activités humaines qui contribuent le plus à la dégradation des habitats naturels ?
Les principales activités humaines qui dégradent les habitats naturels en Afrique incluent : L’agriculture intensive, notamment l’expansion des cultures de rente (cacao, café, palmier à huile), qui conduit à la déforestation et à la perte d’habitats. L’extraction minière, qui provoque la destruction des écosystèmes forestiers et la pollution des sols et des cours d’eau. L’urbanisation non planifiée, entraînant une fragmentation des habitats naturels et la destruction de la faune et de la flore locales. La surexploitation des ressources (pêche excessive, coupe de bois non durable) qui épuise les ressources naturelles. Les infrastructures telles que les barrages, les routes et les exploitations industrielles, qui perturbent les écosystèmes.
Quels groupes de populations sont les plus touchés par la dégradation de la biodiversité en Afrique ?
Les groupes de populations les plus affectés par la dégradation de la biodiversité en Afrique sont, les communautés rurales et autochtones, qui dépendent directement des ressources naturelles pour leur alimentation, leur eau, leur santé et leurs moyens de subsistance. Les femmes, qui, dans de nombreuses cultures africaines, sont les principales responsables de la collecte de l’eau, du bois de chauffage et des produits forestiers, et qui sont les plus touchées par la raréfaction de ces ressources. Il ya des jeunes générations, qui hériteront des conséquences écologiques de la dégradation actuelle des écosystèmes. Les pêcheurs et les agriculteurs, sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques et à la perte de biodiversité qui affectent leurs activités économiques.
La Guinée, avec ses forêts tropicales luxuriantes, ses savanes étendues et ses mangroves vitaux, détient une biodiversité précieuse. Cependant, cette richesse est menacée par des activités humaines destructrices comme l’agriculture non durable, l’exploitation minière et la déforestation. Ces actions mettent en péril non seulement les écosystèmes locaux mais aussi les communautés qui en dépendent, notamment les populations rurales, les femmes et les jeunes, qui sont les premières victimes de la dégradation environnementale. En Afrique, cette situation est amplifiée par des pratiques telles que la déforestation massive et la pollution.
La protection de la biodiversité n’est pas une option mais une nécessité pour assurer la sécurité alimentaire, la santé et la prospérité des générations futures. Comme l’a dit le biologiste Edward O. Wilson, « La biodiversité est la richesse des systèmes écologiques, la base de la stabilité et de la prospérité des sociétés humaines. » Il est impératif d’adopter des stratégies de conservation audacieuses et de soutenir les initiatives locales pour renverser cette tendance alarmante.
Interview réalisée par Aliou DIALLO